les formes de lames des couteaux français

Les différentes formes de lames des couteaux de poche français traditionnels

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Les couteaux de poche français, qu’ils soient traditionnels, régionaux ou néo-régionaux, se déclinent en une multitude de formes de lames. Chaque forme de lame de couteau français possède son histoire, sa fonction et ses couteaux emblématiques. Dans cet article, nous passerons en revue les principales formes – de la courbe orientale de la lame yatagan du Laguiole à la silhouette utilitaire de la lame pied-de-mouton des couteaux de marin – en détaillant pour chacune sa description, son origine et les couteaux français qui l’illustrent.

Sommaire de l'article
  1. La lame Yatagan : l’emblématique courbe du Laguiole et de l’Opinel
  2. La lame Bourbonnaise : l’ancêtre droit du Laguiole (inspiration du Massif Central)
  3. La lame pied-de-mouton : le tranchant sûr des couteaux de marin
  4. La lame serpette (lame crochet) : la petite faucille des vignerons
  5. La lame drop-point : polyvalence et modernité des couteaux néo-régionaux
  6. La lame clip-point : l’héritage Bowie et les influences anglo-saxonnes
  7. La lame feuille de sauge : profil ventru pour coupe régulière
  8. La lame droite coupe-chou : tranchant rasoir pour précision extrême
  9. La lame stylet (spear-point) : la tradition corse du poignard pliant
  10. Finalement, une richesse de formes au service des traditions régionales

La lame Yatagan : l’emblématique courbe du Laguiole et de l’Opinel

forme de la lame Yatagan

Un couteau pliant espagnol Navaja vers 1790 présentant une lame de style yatagan (lame courbe à pointe relevée) ​fr.wikipedia.org. Ce style a inspiré les célèbres couteaux français Laguiole et Opinel.

Probablement la plus iconique des lames de couteaux français , la lame yatagan se reconnaît à sa courbure caractéristique : le tranchant est légèrement concave près de la pointe, et le dos de la lame présente une courbe élégante se redressant vers la pointe. Ce profil offre une pointe relevée idéale pour les coupes coulissées et précises. Le terme yatagan vient à l’origine d’un sabre turc courbe utilisé au XVIIe siècle, et la forme de la lame en reprend la silhouette (on pourrait traduire yatagan par “sabre turc courbé”)​.

Origine et diffusion de la forme yatagan

Vers le milieu du XIXe siècle, la lame yatagan est introduite dans la coutellerie française via l’influence des couteaux pliants espagnols. En effet, des saisonniers d’Aubrac revenant de Catalogne rapportent le couteau navaja espagnol, dont la longue lame courbe de style yatagan va inspirer la forme du couteau Laguiole classique. C’est autour de 1850 que le fameux couteau Laguiole adopte cette forme de lame orientale, en mĂŞme temps qu’il affine son manche incurvĂ©. L’Opinel, autre couteau français emblĂ©matique nĂ© en Savoie en 1890, a lui aussi adoptĂ© ce design traditionnel : « La courbe de la lame [de l’Opinel] est un design traditionnel connu sous le nom de “yatagan”, inspirĂ© d’un sabre turc, Ă  la pointe relevĂ©e Â» ​fr.wikipedia.org. Ainsi, couteau Laguiole lame yatagan et couteau Opinel traditionnel partagent un mĂŞme profil de lame hĂ©ritĂ© de l’histoire.

Couteaux français emblématiques à lame yatagan

couteau laguiole bois amourette lame damas artisanale ressort et abeille forgés vue profil
Le Laguiole
couteau yatagan basque en bois d'olivier ressort et lame guillochés
Le Yatagan Basque
l'opinel lame yatagan
L’Opinel
  • Le Laguiole : dès les annĂ©es 1860, le Laguiole classique arbore cette lame Ă©lĂ©gamment courbe, devenue sa signature. Elle offre une excellente polyvalence pour couper, trancher le pain ou le fromage, voire percer si besoin, tout en donnant au couteau son allure Ă©lancĂ©e.
  • L’Opinel : tous les Opinels traditionnels (du No.6 au No.12) possèdent une lame yatagan en acier au carbone ou inox, polie et affĂ»tĂ©e pour un tranchant redoutable. Ce choix de Joseph Opinel s’inspire directement des sabres orientaux – un clin d’œil historique qui a aussi des avantages pratiques. La pointe relevĂ©e facilite par exemple les travaux de sculpture sur bois ou la dĂ©coupe en tirant vers soi.
  • Le “Basque Yatagan” : anecdote intĂ©ressante, un couteau de poche du sud-ouest de la France destinĂ© aux planteurs de tabac a Ă©tĂ© surnommĂ© Ă  tort Yatagan basque. D’une longueur d’environ 12 cm, muni de rosettes sur le manche pour une meilleure prise, ce couteau appelĂ© yatagan n’a en rĂ©alitĂ© aucun lien direct avec le Pays basque et n’y a jamais Ă©tĂ© fabriqué​ fr.wikipedia.org. Le nom exotique faisait sans doute rĂ©fĂ©rence Ă  sa lame courbe, bien que son histoire soit distincte.

Lame yatagan : l’influence orientale devenue standard du couteau français

La lame yatagan symbolise le fascinant mélange des cultures dans la coutellerie française du XIXe siècle. L’influence étrangère (Espagne, Empire ottoman) a donné naissance à ce profil unique adopté localement. Aujourd’hui encore, chercher forme de lame couteau français renvoie souvent à cette courbe laguiole si reconnaissable, preuve que la lame yatagan est indissociable de l’identité des couteaux français traditionnels.

La lame Bourbonnaise : l’ancêtre droit du Laguiole (inspiration du Massif Central)

forme lame bourbonnaise

Bien avant l’adoption de la courbe yatagan, le premier Laguiole historique possédait une lame de type bourbonnaise. Cette forme, bien moins connue du grand public, se caractérise par un profil droit et sobre : le dos de la lame est droit ou très légèrement courbé vers la pointe, et le tranchant dessine une courbe simple et régulière. L’ensemble donne une pointe centrée par rapport au manche, apte à percer et à couper sans extravagance. On parle de lame bourbonnaise en référence à la région du Bourbonnais (centre de la France) dont cette forme serait originaire – on la trouvait sur des couteaux paysans du Massif Central au début du XIXe siècle.

	Référence
Laguiole droit : photo tirée de La Coutellerie des origines à nos jours, par Camille Pagé, 1896, planche Tome 2, p. 300 bis.
Référence
Laguiole droit : photo tirĂ©e de : PagĂ©, Camille. La coutellerie depuis l’origine jusqu’Ă  nos jours : la fabrication ancienne & moderne. Tome II : La Coutellerie Moderne. Châtellerault : Imprimerie H. Rivière, 1896-1904., planche p. 300 bis. (BNF).

Origine et caractéristiques

Le terme lame bourbonnaise apparaĂ®t dans les Ă©crits couteliers anciens. Par exemple, Camille PagĂ©, dans son ouvrage de 1896, illustre un “Laguiole droit” Ă©quipĂ© d’une lame bourbonnaise. En effet, la forme initiale du couteau de Laguiole (vers 1800) Ă©tait dotĂ©e d’une lame de ce type, « manche droit Ă  bec de corbin et lame bourbonnaise Â» selon la description du syndicat des fabricants aveyronnais. Concrètement, cela signifie que le Laguiole originel avait un manche rectiligne terminĂ© en bec de corbin (une extrĂ©mitĂ© recourbĂ©e Ă©voquant un bec d’oiseau) et une lame bourbonnaise toute simple. Cette lame prĂ©sente un dos quasiment rectiligne jusqu’à la pointe, sans le brisure marquĂ©e du clip-point ni la courbure du yatagan, et un tranchant Ă  courbe modĂ©rĂ©e. Elle offre une bonne robustesse et Ă©tait facile Ă  forger, ce qui convenait aux couteaux utilitaires de l’époque.

Couteaux emblématiques à lame bourbonnaise

Couteau breton Le Poisson bois de noyer
Le Poisson
histoire couteau garonnais
Le Garonnais
capuchadou lame bourbonnaise
Le Capuchadou
  • Le Laguiole droit (vers 1820–1840) : ce prĂ©dĂ©cesseur du Laguiole moderne en est le meilleur exemple. Avec sa lame bourbonnaise dĂ©pouillĂ©e, il servait d’outil polyvalent aux paysans du plateau de l’Aubrac. Il ne comportait pas encore d’abeille dĂ©corative ni de croix sur le manche – seulement deux clous de pivot – et sa lame Ă©tait fonctionnelle avant tout. Ce n’est qu’après 1850 que le Laguiole adoptera une forme plus effilĂ©e et courbe.
  • Le Poisson : Le Poisson est un couteau pliant au design iconique, directement inspirĂ© de l’univers maritime breton. Sa silhouette Ă©voque celle d’un poisson, hommage Ă  l’ancrage des marins dans la tradition locale. DotĂ© d’une lame bourbonnaise en acier pour une coupe nette et fiable, il se distingue aussi par son manche ergonomique, terminĂ© par une plaque mĂ©tallique, rappel d’un usage d’époque : tasser le tabac de pipe en mer. Un couteau Ă  la fois technique et chargĂ© d’histoire.
  • Le Garonnais : Le Garonnais est un couteau de poche traditionnel du Sud-Ouest de la France, nommĂ© d’après le fleuve Garonne. Rare et souvent confondu avec le couteau Pradel, il s’en distingue par son manche tout en rondeur plutĂ´t que plat. Il possède une lame de forme bourbonnaise​, Ă  pointe centrĂ©e dans le prolongement du manche, ce qui lui donne l’allure d’un couteau de table droit. Historiquement, ce couteau pliant accompagnait les mariniers sur les gabares de la Garonne pour de multiples usages Ă  bord (de la prĂ©paration du casse-croĂ»te Ă  l’arrimage des tonneaux de vin) et servait aussi de couteau de table chez les paysans.
  • Le Capuchadou : dans la rĂ©gion de l’Aveyron, on appelait capuchadou un petit poignard ou couteau Ă  lame courte et fine, utilisĂ© pour tout faire (couper le pain, tailler du bois, etc.)​ fr.wikipedia.org. Bien qu’il ne nous soit pas parvenu beaucoup d’exemplaires, on imagine cette lame proche du style bourbonnaise, c’est-Ă -dire droite et pointue. Le capuchadou, souvent citĂ© comme ancĂŞtre du Laguiole, illustre la transition entre le couteau-dague rustique et le pliant bourbonnais puis laguiole.
  • Autres couteaux rĂ©gionaux du XIXe siècle : de nombreux couteaux paysans français avaient des lames de forme simple qu’on pourrait qualifier de normales ou bourbonnaises. Par exemple, certains couteaux de Langres ou de Thiers Ă  l’époque avaient un dos de lame droit et un tranchant lĂ©gèrement convexe. Ces lames servaient Ă  tous les usages quotidiens et ont prĂ©cĂ©dĂ© l’ère des designs plus spĂ©cialisĂ©s.

Le Saviez-vous ?

la lame bourbonnaise doit son nom aux couteliers du Bourbonnais (région d’Auvergne et du centre de la France) qui fabriquaient de tels couteaux dès le XVIIIe siècle. Lorsque le Laguiole fut inventé, ce style local était la référence. Ce n’est qu’avec les influences extérieures (Navaja espagnole) que les Aveyronnais ont ensuite fait évoluer leur couteau. Ainsi, on peut dire que le Laguiole est né Bourbonnais avant de devenir Yatagan !

La lame pied-de-mouton : le tranchant sûr des couteaux de marin

forme de lame pied de mouton

La forme pied-de-mouton – appelée sheepsfoot en anglais – est une lame à bout émoussé reconnaissable à son tranchant parfaitement droit et à son dos qui plonge en courbe vers la pointe. Le résultat : une pointe non acérée (ou très peu) alignée avec le tranchant. Contrairement aux autres formes, ici le dos de la lame est épais et non tranchant jusqu’à l’extrémité, ce qui permet de poser le doigt dessus pour guider la coupe. Historiquement, cette lame servait à tailler les sabots des moutons, d’où son nom imagé de “pied de mouton” (même si ironiquement sa forme ne ressemble pas du tout à un pied d’ovin).

Origine et avantages de la forme pied-de-mouton

Conçue pour des travaux utilitaires sans risque de percement, la lame pied-de-mouton est très prisĂ©e des marins. En effet, l’absence de pointe acĂ©rĂ©e rĂ©duit les risques de percer accidentellement une voile ou de se blesser en cas de roulis sur un bateau. On peut appuyer fortement sur la lame sans danger pour l’utilisateur grâce au dos Ă©moussĂ©. Cette forme apparaĂ®t dès le XVIIIe siècle en Angleterre pour les couteaux de marine et gagne ensuite la France dans les couteaux de pĂŞcheurs et de marins. Elle est aussi utilisĂ©e pour certains couteaux d’artisan (pour Ă©barber du cuir, couper des tissus Ă©pais, etc.), toujours grâce Ă  son excellent contrĂ´le de coupe : « une lame pied de mouton a un tranchant droit et un dos non affĂ»tĂ© qui courbe vers le tranchant en fin de lame. Elle donne un maximum de contrĂ´le, car le dos Ă©moussĂ© est fait pour y poser les doigts Â»â€‹ en.wikipedia.org.

Couteaux français emblématiques à lame pied-de-mouton

couteau london armor ancre marine laiton
L’Armor
couteau breton le London vert en bouleau stabilisé
Le London
london ivoire de mammouth - couteau marin breton
Le London Mammouth
  • Le couteau de marin traditionnel : Au XIXe siècle, de nombreux marins français, notamment en Bretagne et en Normandie, utilisent un couteau breton pliant Ă  lame pied-de-mouton. Par exemple, les matelots pouvaient avoir un couteau de bosco avec lame pied-de-mouton pour couper les cordages. Ce type de couteau de marine, souvent Ă©quipĂ© en plus d’un outil dĂ©manilleur (pointe pour dĂ©faire les nĹ“uds marin), Ă©tait un compagnon indispensable des navigateurs.
  • Les couteaux de poche des scouts et enfants : De façon plus moderne, la lame pied-de-mouton se retrouve sur des couteaux destinĂ©s aux jeunes ou Ă  un usage Ă©ducatif, car elle est plus sĂ»re. Opinel propose par exemple dans sa gamme “Mon Premier Opinel” un couteau N°07 Ă  bout rond, dĂ©rivĂ© du pied-de-mouton, pour initier les enfants sans risque de blessure. Le tranchant reste efficace pour tailler des bâtons ou couper du saucisson, mais l’absence de pointe pointue rassure les parents.
  • Couteaux d’office pliants et autres : Certains couteaux de poche nĂ©o-rĂ©gionaux intègrent une lame de style pied-de-mouton pour son cĂ´tĂ© pratique en pique-nique. Par exemple, le couteau du marin créé par des ateliers de Thiers ces dernières annĂ©es reprend une lame pied-de-mouton en acier inox, combinant tradition et modernitĂ©. De mĂŞme, des couteliers produisent des modèles pliants type couteau de chef oĂą la pointe est arrondie (sĂ©curitĂ© lors du transport).

Le saviez-vous ?

Contrairement à ce que son nom suggère, la lame pied-de-mouton n’a pas la forme d’un sabot, mais elle a bel et bien été utilisée pour le parage des onglons de moutons autrefois. Aujourd’hui, ce profil est surtout synonyme de couteau de marin sans pointe. Dans le langage courant, on parle parfois de lame à bout rond pour désigner ce concept.

La lame serpette (lame crochet) : la petite faucille des vignerons

forme de lame serpette

Dans la famille des lames courbes, la lame serpette occupe une place à part. Elle se présente comme un crochet tranchant : la lame est courbée presque en forme de croissant, avec le fil (tranchant) sur le bord intérieur de la courbe et le dos bombé à l’extérieur. La pointe est souvent effilée et recourbée vers l’intérieur, rappelant le bec d’un rapace – on parle d’ailleurs parfois de lame bec-de-corbin ou bec d’aigle pour décrire cette forme. Le terme serpette vient de serpe (la faucille des vignerons) en petit format : c’est littéralement une mini-faucille de poche.

Usages et origine de la forme serpette

Cette forme de lame est ancestrale et purement utilitaire. Elle est optimisée pour couper en tirant : on accroche la branche ou la tige avec le crochet et on tire vers soi pour trancher net. Les jardiniers, viticulteurs et arboriculteurs utilisent depuis des siècles des couteaux à serpette pour les travaux de taille (élaguer de petites branches, vendanger les grappes de raisin, cueillir les champignons en coupant le pied sans le déraciner, etc.). La lame étant courbe et affûtée sur le bord intérieur, elle fonctionne un peu comme un petit crochet tranchant ​en.wikipedia.org. En revanche, elle n’est pas faite pour poignarder ou tailler en longueur : son domaine, c’est la coupe franche de matériaux végétaux en exerçant un mouvement de bascule.

En France, le couteau serpette pliant est très répandu dès le XIXe siècle dans les régions viticoles (Bordeaux, Bourgogne, Champagne…) et agricoles. Bien souvent, les couteliers locaux fournissaient des couteaux vignerons dotés d’une lame serpette. La tradition s’est perpétuée et de nos jours encore, des marques comme Opinel proposent des modèles de serpette de poche.

Couteaux français emblématiques à lame serpette

  • Le couteau de vigneron traditionnel : Il s’agit d’un couteau pliant Ă  lame courbe, souvent avec un manche en bois simple, utilisĂ© pour les vendanges et la taille de la vigne. Ces couteaux, produits Ă  Thiers ou Ă  Nogent au XIXe siècle, ont permis aux vignerons de travailler vite et bien. La serpette de vendange se glissait dans la poche et remplaçait avantageusement la grande serpette fixe pour les petites coupes.
  • L’Opinel Serpette : Opinel commercialise encore aujourd’hui un modèle spĂ©cifique (Opinel N°8 jardin) muni d’une lame serpette courbe en acier inoxydable, destinĂ© au jardinage et Ă  l’arboriculture. Ce couteau de 8 cm de lame est parfait pour couper les fleurs, cueillir les lĂ©gumes du potager ou sectionner des liens, grâce Ă  sa forme en crochet très efficace. On retrouve le mĂŞme type de lame sur d’autres couteaux de jardinage (par exemple des couteaux Ă  champignon avec une petite serpette et une brosse).
  • Les couteaux d’élagage pliants : De nombreux fabricants français ont dans leur catalogue des couteaux d’élagage de poche. Citons par exemple les Ă©tablissements Pradel au XXe siècle qui proposaient des couteaux Ă  lame serpette pour les agriculteurs. La lame serpette est Ă©galement prisĂ©e dans l’art bonsaĂŻ pour tailler avec prĂ©cision.

Un profil de lame pour chaque usage

la lame serpette est un exemple de forme de lame dictée par la fonction. Elle illustre bien le vieux principe qu’à chaque usage correspond un profil de lame optimal. Peu adaptée pour cuisiner ou sculpter, elle excelle en revanche pour tout ce qui est découpe de végétaux en plein air. Les collectionneurs de couteaux régionaux français apprécient souvent d’en posséder une dans leur vitrine, tant elle évoque les gestes d’antan au jardin.

La lame drop-point : polyvalence et modernité des couteaux néo-régionaux

forme de lame drop-point

La lame drop-point (littéralement “pointe tombante”) est un profil apparu et popularisé plus récemment, bien qu’on en trouve quelques exemples anciens. Elle se caractérise par un dos de lame qui descend en courbe concave ou convexe vers la pointe, ce qui abaisse celle-ci par rapport au dos initial. Vu de profil, la pointe semble “tomber” vers le bas, d’où le nom. Le tranchant, lui, est convexe (bombé) et remonte vers la pointe, offrant une grande longueur utile de coupe. Cette forme est réputée très polyvalente : la pointe centrée est assez épaisse pour être solide, mais assez alignée pour percer efficacement, et le ventre (la courbe du fil) est idéal pour trancher en faisant glisser la lame.

Histoire et adoption dans la coutellerie française

Le drop-point a Ă©tĂ© popularisĂ© aux États-Unis par le coutelier Bob Loveless dans les annĂ©es 1970 sur des couteaux de chasse fixes, mais on le retrouve aussi dans certains couteaux pliants français modernes (dits nĂ©o-rĂ©gionaux). Historiquement, peu de vieux couteaux rĂ©gionaux français arboraient un drop-point marquĂ© – ils Ă©taient plutĂ´t clip ou droits. Cependant, des influences extĂ©rieures et l’évolution des usages ont conduit Ă  intĂ©grer cette forme dans des crĂ©ations contemporaines. Par exemple, le design du couteau « Le Thiers Â» (créé en 1993 par la ConfrĂ©rie du Couteau de Thiers) prĂ©sente souvent une pointe tombante adoucie. De mĂŞme, des couteliers comme Robert Beillonnet ou Perceval (avec Le Français) ont dessinĂ© des lames au dos lĂ©gèrement tombant pour allier esthĂ©tique et performance de coupe.

Un cas intĂ©ressant est celui d’Opinel : la cĂ©lèbre marque savoyarde a sorti une version spĂ©cifique de son N°8 dite Opinel Jardin oĂą la lame adopte un style drop-point​. Officiellement, « le modèle n°08 Jardin est Ă©quipĂ© d’une lame drop-point Â»â€‹ fr.wikipedia.org. Cela prouve que mĂŞme les acteurs historiques innovent avec ce profil pour rĂ©pondre aux besoins actuels (jardinage, plein air, bushcraft lĂ©ger).

Couteaux français emblématiques à lame drop-point

couteau thiers secret par claude dozorme genévrier 11 cm
Le Thiers
le thiers bi matière
Le Thiers (Bi-matière)
couteau limousin le corrèze
Le Corrèze
  • Le Thiers® : Ce couteau “nĂ©o-rĂ©gional”, fabriquĂ© selon une charte locale depuis les annĂ©es 1990, a une lame dont le dos lĂ©gèrement arquĂ© vers la pointe rappelle le drop-point. Sans ĂŞtre extrĂŞme, cette forme lui confère une touche de modernitĂ© et une grande efficacitĂ© en usage utilitaire. Le Thiers est devenu un classique contemporain, symbole du renouveau coutelier auvergnat.
  • Le Perceval Le Français : CrĂ©ation de coutellerie d’art, ce couteau pliant haut de gamme nĂ© au dĂ©but des annĂ©es 2000 adopte une lame drop-point affirmĂ©e, Ă  la fois sobre et Ă©lĂ©gante. Son inventeur, Fred Perrin, a voulu un couteau urbain et polyvalent, capable de tout faire au quotidien – le choix du drop-point s’est donc imposĂ© pour sa polyvalence.
  • Opinel “Outdoor” : Outre le modèle Jardin Ă©voquĂ©, Opinel a dĂ©clinĂ© une gamme Outdoor oĂą la lame du N°08 est modifiĂ©e en drop-point avec des dentures. L’objectif est d’offrir un couteau de secours/outdoor pour les randonneurs, oĂą la pointe tombante Ă©vite d’endommager par mĂ©garde du matĂ©riel (bateaux pneumatiques, toiles de tente) tout en restant apte Ă  percer en cas de besoin. On voit donc que mĂŞme dans un couteau de sĂ©rie, la forme de la lame Ă©volue pour s’adapter aux usages.

En somme, la lame drop-point s’est imposée discrètement dans la coutellerie française contemporaine pour les usages polyvalents en extérieur. Elle offre un compromis apprécié entre robustesse et finesse, tradition et innovation.

La lame clip-point : l’héritage Bowie et les influences anglo-saxonnes

forme de lame drop-point

La lame clip-point est reconnaissable à son faux tranchant sur le dos près de la pointe : le dos de la lame subit une échancrure concave ou droite vers le bas, comme si on en avait “coupé” (to clip en anglais) un morceau pour affiner la pointe. Cela donne une pointe plus acérée, souvent alignée plus haut que le centre, idéale pour percer. Le célèbre couteau Bowie américain popularisé au XIXe siècle est l’archétype du clip-point prononcé ​fr.wikipedia.org. Sur un Bowie, le clip est très marqué et donne presque l’impression d’un crochet inversé sur le dos de la lame. Dans les couteaux de poche français, l’influence du clip-point est venue principalement via l’Angleterre et les États-Unis, notamment à travers les couteaux de marine et de chasse.

Origine et arrivée en France

Au XIXe siècle, les marins et pêcheurs normands ramenaient parfois des couteaux de Sheffield (Angleterre) dont certains modèles avaient des lames clip-point. Ces couteaux anglais robustes (dits parfois couteaux “London”) ont inspiré des couteliers français. Un exemple fameux est le couteau Pradel : dans les années 1860, un fabricant français imita un couteau britannique et le marqua du nom de Pradel, qui devint synonyme d’un certain couteau de marin en France. Le Pradel traditionnel, bien que simple, présente souvent une lame à dos droit se terminant par un léger clip et une pointe assez fine. Ce n’est pas un clip-point extrême comme un Bowie, mais l’idée d’une pointe affinée par le dessus y est présente.

De même, les couteaux de chasse pliants français du début XXe siècle ont parfois adopté une pointe clippée : par exemple le couteau Saint-Bernard (utilisé en montagne) ou certains couteaux de vénerie présentaient un faux-filé sur le dos de la pointe pour mieux percer la peau du gibier.

Couteaux français illustrant la lame clip-point

couteau corse (pliant) amicu guilloché main corne de bélier lame carbone martelée ©comptoir du couteau
L’Amicu
Couteau Baribal Corne de bélier lame martelée guilloché main
Le Baribal
le douk douk lame clip point
Douk-Douk
  • Le Pradel (couteau normand) : Ce couteau de paysan et marin, produit massivement Ă  Thiers, avait gĂ©nĂ©ralement une lame d’environ 8–10 cm, Ă  dos lĂ©gèrement cassĂ© vers la pointe. On aperçoit un faux-tranchant discret sur le dos, caractĂ©ristique du clip. Cette lame permettait aux pĂŞcheurs de nettoyer le poisson (grâce au tranchant droit) tout en pouvant percer les boĂ®tes de conserve ou couper des cordages avec la pointe. Le Pradel est un exemple d’adaptation française d’une forme anglo-saxonne.
  • Les couteaux dits “Bowie” français : Bien que le Bowie soit un couteau fixe amĂ©ricain, son style a influencĂ© des rĂ©alisations françaises. Dans les annĂ©es 1980 notamment, des couteliers de Thiers ont proposĂ© des couteaux pliants “Bowies” pour les collectionneurs, avec des lames clip-point très marquĂ©es et des manches en bois exotique. Ces pièces, plus ostentatoires, montraient le savoir-faire français dans l’appropriation de formes Ă©trangères. On peut citer la coutellerie Cognet ou Fontenille-Pataud qui ont rĂ©alisĂ© quelques sĂ©ries limitĂ©es de pliants type Bowie.
  • Couteaux de poche tactiques/modernes : Plus rĂ©cemment, avec la popularitĂ© du couteau tactique, certains fabricants français (par ex. Douk-Douk dans ses variantes, ou Opinel dans son modèle Outdoor avant le drop-point) ont expĂ©rimentĂ© des lames Ă  pointe clippĂ©e. La lame du Douk-Douk, couteau traditionnel de Mercier créé pour les colonies, est d’ailleurs assez proche d’un clip-point doux : son dos est droit presque jusqu’à la pointe oĂą une lĂ©gère courbe vers le tranchant se dessine, crĂ©ant un profil affinĂ© pour la pĂ©nĂ©tration.

Référence notable

dans l’encyclopédie des couteaux d’Olivier Achard, le clip-point est présenté comme une des grandes familles de lames, avec pour exemple emblématique le Bowie ​fr.wikipedia.org. Le schéma montre bien la portion du dos “échancrée” qui confère à la lame clip-point son caractère agressif. En français, on parle parfois de lame “coupée” ou pointe bowie, mais l’anglicisme clip-point est couramment utilisé chez les couteliers.

La lame feuille de sauge : profil ventru pour coupe régulière

forme de lame en feuille de sauge

Description et caractéristiques techniques

La lame en feuille de sauge se distingue par sa silhouette évoquant la forme ovale d’une feuille de sauge, avec un large ventre et un profil effilé vers une pointe centrée. Cette forme symétrique (vue de dessus) offre une lame généreuse au tranchant courbe, procurant une excellente capacité de coupe polyvalente. Souvent dotée d’une émouture plate sur toute sa largeur, la lame feuille de sauge présente un fil redoutable tout en restant robuste ​couteau-savignac.com. En anglais, on la désigne par le terme “leaf-shaped blade”, en référence directe à son apparence foliacée. Sur le plan visuel, cette lame non dentelée dégage une impression d’élégance sobre et non agressive, ce qui la rend aussi appréciée pour les usages courants que pour l’art de la table ​fontenille-pataud.com.

Origine et premières utilisations

La forme feuille de sauge compte parmi les plus anciennes de la coutellerie. Certains auteurs font remonter son origine à l’Antiquité romaine, où des couteaux pliants de ce profil existaient déjà​. On voit même dans cette lame une réminiscence des outils préhistoriques en silex taillés en forme de feuille, preuve que cette géométrie répond à des besoins utilitaires fondamentaux. Dans la coutellerie française, on trouve trace de la lame feuille de sauge dès le Moyen Âge : c’est la forme qu’adoptaient, au XIIᵉ siècle, les couteaux de berger des Pyrénées ​couteau-basque.com. Ces premiers couteaux pliants régionaux – simples friction sans ressort, dits « deux clous » (un pivot et une butée) – utilisaient une lame feuille de sauge en acier forgé, logée dans un manche monobloc en bois ou en corne. Cette architecture rudimentaire mais efficace a perduré des siècles dans les zones rurales.

Au XVIIIᵉ siècle, la lame feuille de sauge est largement répandue. On la retrouve tant dans les ateliers artisanaux du Massif central (Saint-Étienne en produisait en quantité d’après un traité de 1772) que dans le sud-ouest. Elle devient un grand classique des couteaux paysans de l’Ancien Régime. Toutefois, à la fin du XIXᵉ siècle, ces couteaux traditionnels sans verrouillage tombent en désuétude avec l’essor de modèles plus modernes dotés de systèmes de blocage (couteaux à virole type Opinel, lames yatagan des Navajas ou du Laguiole, etc.). La lame feuille de sauge, associée aux vieux capucins à friction, laisse alors temporairement le devant de la scène à des formes nouvelles plus à la mode.

Quelques couteaux de poche français emblématiques arborant la lame feuille de sauge

Plusieurs couteaux rĂ©gionaux français, anciens ou modernes, incarnent cette forme de lame emblĂ©matique :

couteau breton le kaban manche en bois marronnier stabilisé
  • Couteau de berger basque – Probablement le doyen du genre : ce couteau pyrĂ©nĂ©en apparu au Pays basque mĂ©diĂ©val possède une lame large en feuille de sauge dans un manche courbe en corne ou bois. MontĂ© en friction deux clous, il servait d’outil polyvalent aux bergers nomades​. Des versions artisanales en sont toujours fabriquĂ©es au Pays basque, perpĂ©tuant ce design ancestral.
  • Couteau « Capucin Â» – Sous ce nom (rĂ©fĂ©rence Ă  la capuche du moine Capucin figurĂ©e par la forme du manche) sont connus de nombreux couteaux paysans traditionnels des XVIIIᵉ–XIXᵉ siècles. Le capucin classique est un pliant de poche sans ressort, Ă  manche droit terminĂ© en bec et Ă  lame feuille de sauge. FabriquĂ© autrefois du Massif central aux PyrĂ©nĂ©es, il a inspirĂ© des dĂ©clinaisons modernes, par exemple l’AriĂ©geois (capucin courbe d’Ariège) ou le Cathare (couteau deux clous de Thiers) qui reprennent cette lame effilĂ©e et son esprit rustique.
  • Couteau Nontron (PĂ©rigord) – ConsidĂ©rĂ© comme le plus ancien couteau de poche français encore produit, le Nontron (originaire du PĂ©rigord) se caractĂ©rise depuis toujours par sa lame en forme de feuille de sauge, l’une des caractĂ©ristiques typiques de ce couteau​ coutellerie-nontronnaise.com. Qu’il s’agisse des modèles Ă  virole ou Ă  cran d’arrĂŞt fabriquĂ©s Ă  Nontron, la large lame « sauge Â» en acier (souvent poli ou gravĂ©) assure une coupe efficace et contribue Ă  la silhouette sobre du couteau.
  • Couteau Yssingeaux (Auvergne) – Créé au XVIIIᵉ siècle en Auvergne, le Yssingeaux est un couteau pliant Ă  cran forcĂ© dont la lame adopte la forme d’une feuille de sauge allongĂ©e ​thiers-issard.fr. DotĂ© d’un manche droit et de deux mitres, il a Ă©tĂ© l’un des premiers couteaux de poche « industriels Â» du Massif central. Sa lame de 10 cm en acier, traditionnellement guillochĂ©e, illustre parfaitement la forme sageleaf appliquĂ©e Ă  un couteau de ville ou de campagne.
  • Couteau Le Roquefort (Aveyron) – Ce couteau traditionnel de l’Aveyron, fabriquĂ© Ă  Thiers, est pourvu d’une lame droite de style feuille de sauge et d’un manche se terminant en bec de corbin (forme de corbeau). MontĂ© avec un ressort Ă  cran forcĂ©, il tĂ©moigne de l’adoption de la lame « sauge Â» dans la coutellerie rĂ©gionale du sud du Massif central au XIXᵉ siècle. OubliĂ© pendant un temps, le Roquefort a Ă©tĂ© remis Ă  l’honneur pour les amateurs de couteaux rĂ©gionaux, en Ă©cho Ă  l’histoire fromagère locale.

De la feuille Ă  la lame

Symbole d’une coutellerie française paysanne et authentique, la lame feuille de sauge porte en elle tout un imaginaire. Son nom mĂŞme renvoie Ă  une plante mĂ©dicinale commune des campagnes (la sauge), dont la feuille Ă©tait bien connue des bergers – une manière poĂ©tique de baptiser un outil du quotidien d’après la nature environnante. Ă€ Sauveterre-de-Rouergue, village coutelier de l’Aveyron, la sauge figure sur le blason local : le couteau de Sauveterre créé en 1998 rend d’ailleurs hommage Ă  cet emblème en ornant chaque pièce d’une feuille de sauge stylisĂ©e sur le ressort, comme une signature du coutelier ​escapadesensegala.wordpress.com.

Par ailleurs, la dénomination capucin associée à bon nombre de ces couteaux à lame feuille de sauge rappelle l’anecdote de la capuche de moine : le retour du manche imitant une robe à capuchon conféra ce surnom facétieux aux couteaux de berger dès le XVIIIᵉ siècle. Ces couteaux rustiques accompagnaient les paysans dans tous les gestes du quotidien, de la coupe du pain au travail des champs, ce qui explique leur abondante production jadis dans des centres comme Saint-Étienne​.

Enfin, de nos jours, cette forme de lame connaît un regain d’intérêt. Des couteliers contemporains la réinterprètent avec passion, soulignant son esthétique douce et harmonieuse. L’artisan Adrien Giovaninetti, par exemple, a choisi une lame feuille de sauge pour son modèle « Le Lombard » afin de créer un couteau élégant et non agressif, idéal aussi bien en pique-nique qu’en couvert de table​fontenille-pataud.com. De même, la maison Nontron met en avant la personnalité pacifique de son couteau à lame feuille de sauge, renforcée par les trois points pyrogravés sur le manche symbolisant la concorde​ couteau-nontron-france.fr. Autant d’éléments qui témoignent de la riche culture coutelière associée à cette lame : un objet à la fois utilitaire et patrimonial, traversant les époques sans perdre son pouvoir d’évocation.

Sources : Musée virtuel de la coutellerie basque (couteau-basque.com), Coutellerie Nontronnaise, Coutellerie Savignac (Foix), Fontenille-Pataud, Thiers-Issard, et ouvrages historiques.

La lame droite coupe-chou : tranchant rasoir pour précision extrême

forme de la lame coupe-chou

La lame dite « coupe-chou » désigne une lame droite inspirée des rasoirs droits de barbier. Son tranchant est rectiligne sur toute la longueur, sans courbure ventrue, ce qui lui confère une excellente précision de coupe en coupe franche. La pointe de ces lames est souvent rabattue ou carrée (absence de pointe acérée), rappelant la forme des rasoirs de sûreté anciens. La largeur de la lame est généralement importante par rapport à son épaisseur, permettant une émouture très fine. En effet, l’émouture traditionnelle de style coupe-chou est évidée en creux (hollow grind) sur une large section, rendant la lame extrêmement fine et coupante – « aiguisée comme un rasoir ». Cette finesse d’affûtage procure une capacité de tranchant remarquable mais implique aussi une certaine fragilité latérale. On retrouve ainsi des lames très plates, presque comme des spatules tranchantes, dépourvues de courbure au fil. Tout, dans ce style de lame, évoque le rasoir de barbier traditionnel​ knivesandtools.fr. Contrairement aux lames à pointe centrée ou relevée, la géométrie complètement droite de son tranchant permet d’appliquer la totalité du fil simultanément sur la matière à couper, offrant des coupes nettes et sans effort (idéal pour tailler en finesse).

Origine historique et lien avec le rasoir droit

Historiquement, cette forme de lame provient directement des rasoirs droits pliants utilisĂ©s pour le rasage depuis des siècles. Le rasoir droit apparaĂ®t sous sa forme classique en Europe dès le XVIIe siècle – les premiers modèles Ă  lame d’acier seraient nĂ©s vers 1680 Ă  Sheffield en Angleterre ​fr.wikipedia.org. Il s’agit Ă  l’origine d’un « sabre de poche » pliant, conçu pour se replier dans une châsse (manche) comme un couteau, d’oĂą le fait qu’en français on le classe parmi les couteaux pliants particuliers​couteaux-fontaine.com. D’ailleurs, le terme familier « coupe-choux » est devenu synonyme de rasoir droit lui-mĂŞme ​fr.wikipedia.org. (Ă€ l’origine, au XVIIIe siècle, un “coupe-choux” dĂ©signait un sabre court d’infanterie, surnommĂ© ainsi ironiquement ​fr.wikipedia.org – l’expression a glissĂ© plus tard pour qualifier les rasoirs de barbier.) La lame du rasoir coupe-chou est droite et très fine, permettant un rasage de très près avec une prĂ©cision extrĂŞme. Son profil large et plat Ă©tait optimisĂ© pour ĂŞtre affĂ»tĂ© sur cuir avant chaque usage. Ce savoir-faire du rasoir s’est dĂ©veloppĂ© notamment dans des centres couteliers français comme Thiers (Thiers-Issard dès 1884, Sabatier etc.), oĂą les coupe-choux de haute qualitĂ© sont devenus emblĂ©matiques du rasage traditionnel français. Le rasoir droit est ainsi un couteau pliant spĂ©cialisĂ© pour le rasage, Ă  lame fixe logĂ©e dans le manche, procurant une qualitĂ© de coupe redoutable une fois maĂ®trisĂ© ​couteaux-fontaine.com. Avec le dĂ©clin du rasoir de barbier au milieu du XXe siècle (au profit des rasoirs de sĂ»retĂ© et lames jetables) ​fr.wikipedia.org, la forme mĂŞme de cette lame affĂ»tĂ©e a commencĂ© Ă  intĂ©resser la coutellerie de poche pour d’autres usages que la barbe.

Adaptation dans la coutellerie de poche française

Quand et pourquoi cette lame a-t-elle Ă©tĂ© reprise dans les couteaux pliants ? Dès le XIXe siècle, certaines navajas espagnoles et couteaux anglais de marine utilisaient des lames Ă  tranchant droit (par ex. la lame pied-de-mouton des couteaux de marine londoniens) pour leur sĂ©curitĂ© et efficacitĂ© Ă  trancher les cordages d’un coup sec​ couteau-laguiole.com. En France, l’adoption explicite du profil coupe-chou dans un couteau de poche utilitaire s’est surtout manifestĂ©e après la seconde guerre mondiale. Avec la modernisation, les fabricants ont vu l’intĂ©rĂŞt d’une lame offrant un tranchant rasoir dans un couteau polyvalent. Un jalon notable est l’initiative de la coutellerie thiernoise Rivière-Caburol, qui dĂ©posa en 1956 la marque « Alpin Raz » pour dĂ©signer une version du couteau Alpin dotĂ©e d’une lame particulièrement fine « comme un rasoir Â» ​comptoirducouteau.fr. L’idĂ©e Ă©tait de proposer aux montagnards et paysans un couteau simple dont la lame puisse aussi bien servir Ă  couper le saucisson très finement qu’à d’éventuels soins (coupe de moustache ou rasage d’appoint). De mĂŞme, de nombreux couteaux dits « Grand-père Â» Ă  deux lames, vendus dans la deuxième moitiĂ© du XXe siècle (par exemple par Pradel, G. David, etc.), comportaient souvent une petite lame droite de type rasoir en complĂ©ment de la lame principale. Cette petite lame rectiligne servait aux travaux minutieux – on la qualifiait de lame rasoir dans les catalogues.

Par ailleurs, plusieurs couteaux régionaux agricoles traditionnels utilisaient déjà des lames droites pour leur efficacité. Par exemple, le couteau Donjon (originaire de l’Allier, fin XIXe s.) possédait une large lame pied-de-mouton très droite, utilisée par les maraîchers pour trancher les choux et légumes (lire notre article :​​ carte des couteaux régionaux français). La forme droite n’était donc pas totalement nouvelle en coutellerie de poche, mais son association directe au style “coupe-chou de barbier” a vraiment pris sens quand le rasoir lui-même est devenu moins courant pour son usage initial. Les couteliers français ont alors adapté cette lame pour bénéficier de sa finesse de coupe inégalée dans un contexte utilitaire. Aujourd’hui encore, on retrouve ce profil dans des couteaux de poche qui cherchent une performance de tranchant optimale ou un look vintage. Le mécanisme d’ouverture de certains couteaux modernes imite même le mouvement d’un rasoir de barbier – par exemple, le couteau Gerber Jukebox intègre un ergot frontal rappelant le crochet d’un coupe-chou. Cela témoigne de la persistance de l’attrait pour ce geste et cette forme de lame dans la culture coutelière.

Couteaux français emblématiques à lame coupe-choux

couteau le 20/20 manche cocobolo par le fidèle

Un couteau pliant moderne 20/20, lame droite sans pointe « coupe-chou », inspiré des rasoirs de barbier – on note la forme large et rectiligne de la lame.
Plusieurs couteaux français, anciens ou créations néo-régionales, incarnent cette forme de lame particulière :

  • Le Donjon (rĂ©gion Allier, fin XIXe s.) – Couteau paysan traditionnel dotĂ© d’une forte lame droite pied-de-mouton. Sa large lame sans pointe, estampillĂ©e « VĂ©ritable Brossard Â», servait autrefois Ă  tailler les choux et lĂ©gumes sur les marchĂ©s. Cette lame très plate faisait merveille pour Ă©mincer et tartiner, Ă  la façon d’une spatule tranchante.
  • Les Pradel Ă  deux lames (Normandie/Bretagne, XXe s.) – Ces couteaux bon marchĂ© diffusĂ©s massivement comportaient souvent, en plus de la lame principale, une petite lame « rasoir » droite. Par exemple, un modèle Pradel « 2 pièces Â» typique avait une seconde lame courte et rectiligne, utilisĂ©e pour les travaux fins (Ă©plucher, tailler avec prĂ©cision) – une lame annoncĂ©e « aussi tranchante qu’un rasoir Â». Ce principe du combo serpette + lame droite se voyait aussi sur d’autres couteaux de poche d’artisan (le Gouttière de l’Ain possĂ©dait une lame principale et une petite lame droite de rechange, outre sa serpette).
  • Le couteau Alpin Raz (Thiers, 1956) – Variante du couteau rĂ©gional Alpin, lancĂ©e par la maison Rivière-Caburol​ (lire notre article sur l’histoire du couteau l’Alpin). L’Alpin classique avait une lame yatagan courbe, mais la version Raz mettait l’accent sur un fil droit hyper affĂ»tĂ© et une Ă©mouture fine, cherchant Ă  donner au couteau de berger savoyard un tranchant de rasoir pour la coupe de prĂ©cision (champignons, menus travaux, etc.). Ce modèle reste connu des collectionneurs pour son appellation Ă©vocatrice (Raz pour « rasoir »).
  • Couteaux nĂ©o-rĂ©gionaux rĂ©cents – Plusieurs crĂ©ations contemporaines reprennent volontairement la forme coupe-chou par esthĂ©tique ou performance. Le modèle 20/20 (design Thomas Boitel, en 2020) en est un exemple marquant : ce couteau pliant Ă©purĂ© possède une lame très large (20 mm de hauteur) et sans pointe, directement inspirĂ©e des lames de rasoir de barbier​. Comme le dĂ©crit sa fiche, « la forme très large de sa lame (…) rappelle les lames des rasoirs coupe-choux Â». De mĂŞme, le coutelier Perceval avec Le Français a proposĂ© un Ă©lĂ©gant couteau de table pliant Ă  lame Wharncliffe (droite et lĂ©gèrement tombante) Ă©voquant un petit coupe-chou de gentleman. Citons aussi le Gerber Jukebox (design amĂ©ricain mais diffusĂ© en France) dont tout dans ce couteau fait rĂ©fĂ©rence aux rasoirs coupe-choux et qui ravive le geste du barbier dans un couteau EDC moderne. Ces exemples montrent que la lame coupe-chou, au-delĂ  des usages utilitaires, est devenue un clin d’œil stylistique très apprĂ©ciĂ©, combinant nostalgie et efficacitĂ©.

Les tribulations du coupe-chou dans l’histoire

Plusieurs anecdotes entourent cette forme de lame singulière. Sous la Révolution et au XIXe siècle, le terme « coupe-choux » était employé de manière moqueuse pour les sabres courts des sans-culottes, avant de s’attacher durablement aux rasoirs de barbier – peut-être parce que ces rasoirs pouvaient « couper du poil aussi dru qu’un chou » ou par analogie humoristique à leur capacité à “ratisser” les cheveux et barbes. Dans la culture populaire, le rasoir coupe-chou est souvent associé à l’expertise du barbier (cf. le « Coupe-chou » de Figaro) mais aussi à une certaine crainte, d’où son nom anglais de « cut-throat razor » (rasoir coupe-gorge). Il existe en effet des histoires de règlements de comptes à l’ancienne où le coupe-chou servait d’arme blanche improvisée. Toutefois, en coutellerie de poche, son image est bien plus positive : c’est le symbole d’un tranchant parfait. On raconte que dans les fermes, le grand-père utilisait la petite lame rasoir de son couteau pour tout faire, y compris se raser en voyage ou inciser proprement une plume (tel un canif d’écolier affûté). Les musées de la coutellerie, comme celui de Thiers, conservent de somptueux rasoirs pliants anciens – parfois ornés d’ivoire ou d’argent – montrant l’importance de cette lame dans l’art de la coupe en France. À Thiers toujours, la coutume du “semainier” de coupe-choux est souvent évoquée : il s’agissait d’un coffret de 7 rasoirs, un pour chaque jour de la semaine, que les gentilshommes se faisaient offrir. Cette pratique, bien que liée au rasage, illustre la vénération pour ces lames d’excellence. Aujourd’hui, la lame droite type coupe-chou incarne un pont entre le passé et le présent : elle allie la tradition (gestes du barbier, qualité de coupe héritée) et la modernité d’un couteau de poche pratique. C’est sans doute pourquoi tant de créations contemporaines y font référence – avec passion et respect pour ce morceau d’histoire tranchante de la coutellerie française.

Sources : Musées (musée de la Coutellerie de Thiers), ouvrages spécialisés en coutellerie régionale, et sites de référence (Comptoir du Couteau, documentation Thiers-Issard, etc.) ont documenté l’évolution de cette lame. Les citations ci-dessus en témoignent, qu’il s’agisse de descriptions techniques​knivesandtools.fr​, d’éléments historiques​ fr.wikipedia.org,​ fr.wikipedia.org ou d’exemples de couteaux régionaux​ soulignant l’importance de la lame coupe-chou dans le patrimoine coutelier français.

La lame stylet (spear-point) : la tradition corse du poignard pliant

forme de la lame stylet (spear-point)

Enfin, impossible de conclure sans aborder la forme dite stylet ou spear-point, très présente dans la coutellerie traditionnelle corse et ses imitations. Le terme stylet désigne à l’origine un poignard à la lame effilée et souvent à double tranchant, utilisé autrefois comme arme de défense en Corse. Adapté en couteau pliant, il a donné naissance au célèbre couteau Vendetta Corse, dont la lame imite la dague tout en n’étant affûtée que d’un côté. La forme est celle d’une lame symétrique effilée vers la pointe, avec un dos pouvant être partiellement faux-tranchant. On parle aussi de forme spear-point (pointe de lance) car le profil rappelle une lance ou un épieu vu de côté.

Origine : du stylet génois à la Vendetta corse

En Corse au XIXe siècle, le stylet Ă©tait une arme très rĂ©pandue, symbole de la vendetta (la vengeance). Il en existait deux types : « le stylet corse ayant un double tranchant, contrairement au stylet gĂ©nois qui n’avait qu’un seul tranchant Â» ​couteaux-corses.fr​. Autrement dit, le stylet corse Ă©tait une vĂ©ritable dague aiguisĂ©e des deux cĂ´tĂ©s, tandis que la version gĂ©noise (sans doute antĂ©rieure, sous influence italienne) n’avait qu’une seule arĂŞte vive. Lorsque l’industrialisation est arrivĂ©e, les couteliers de Thiers ont commencĂ© Ă  fabriquer pour le marchĂ© corse des couteaux pliants imitant le stylet. C’est vers 1860 que naĂ®t ainsi la Vendetta : « Fortement inspirĂ© du design italien, c’est vers 1860 que Thiers… a créé pour la Corse LA Vendetta Â»â€‹ leberger.fr. Ce couteau pliant reprend la ligne du stylet (longue lame effilĂ©e, manche droit ou lĂ©gèrement galbĂ©) et porte souvent l’inscription Vendetta Corsa et la tĂŞte de Maure pour le folklore. Ironie de l’histoire, ces couteaux Ă©taient pour la plupart produits en mĂ©tropole et vendus aux touristes en Corse, tandis que les Corses eux-mĂŞmes avaient dĂ©laissĂ© l’arme du stylet Ă  la fin du XIXe siècle.

Description de la lame spear-point / stylet

Une lame de stylet pliant est généralement longue et fine, avec un centre de gravité axial. La pointe est centrée sur l’axe du manche, donnant une symétrie visuelle. Sur les véritables stylets fixes, les deux bords sont tranchants. Sur les couteaux pliants de style Vendetta, seul le tranchant principal est aiguisé, mais le dos de la lame près de la pointe peut être meulé en faux tranchant pour affiner encore la pénétration. Ce profil spear-point excelle dans l’usage de pointe : pour percer (autrefois pour porter “l’estocade finale” à la chasse, ou plus pacifiquement pour piquer un morceau de charcuterie ! En revanche, pour ce qui est de couper en force ou de tailler du bois, ce n’est pas la forme la plus efficace en raison de la finesse de sa pointe. C’est donc une lame davantage symbolique (auto-défense, prestige) qu’utilitaire classique en cuisine ou bricolage.

Couteaux emblématiques à lame stylet

couteau corse vendetta manche en os
  • La Vendetta Corse : Couteau pliant traditionnel corse par excellence (du moins dans l’imaginaire collectif), la Vendetta arbore une lame stylet d’une dizaine de centimètres. Son manche en bois (olivier, arbousier, corne…) est souvent dĂ©corĂ© d’inscriptions (Morte al nemico – “mort Ă  l’ennemi” – sur la lame, par exemple). Ce couteau, relancĂ© par des artisans couteliers corses dans les annĂ©es 1970 lors du riacquistu (rĂ©appropriation culturelle) est aujourd’hui un objet apprĂ©ciĂ© des collectionneurs. Il existe en versions artisanales luxueuses (signĂ©es Zuria, Ceccaldi, etc.) comme en versions touristiques plus simples. Dans tous les cas, sa lame effilĂ©e en est le signe distinctif.
  • Le Stylet de Saint-Étienne : Moins connu, il existait dans la rĂ©gion stĂ©phanoise (Saint-Étienne) au XIXe siècle des couteaux dit poignards pliants qui adoptaient aussi une forme de lame stylet. Saint-Étienne, grand centre armurier, produisait des couteaux-poignards parfois utilisĂ©s par les voyageurs ou comme arme de secours. Ces pièces rares aujourd’hui tĂ©moignent que la mode du stylet s’était Ă©tendue au-delĂ  de la Corse.
  • InterprĂ©tations modernes : Quelques crĂ©ateurs contemporains jouent avec la forme spear-point dans des couteaux pliants modernes. Par exemple, le coutelier Fred Perrin a conçu un petit pliant de dĂ©fense avec une lame spear-point courte mais très acĂ©rĂ©e, reprenant l’idĂ©e du stylet en version actuelle. De mĂŞme, des couteaux tactiques ou de gentlemen combinent une esthĂ©tique spear-point (sobre et Ă©lĂ©gante) avec des matĂ©riaux modernes. Ces objets dĂ©montrent que la silhouette Ă©lancĂ©e du stylet continue d’inspirer.

Le saviez-vous ?

La Vendetta n’est pas seulement un couteau, c’est tout un symbole. Prosper Mérimée dans ses nouvelles, ou plus tard les cartes postales pour touristes, ont associé ce couteau à l’image d’une Corse rebelle et vengeresse. Pourtant, historiquement, les Corses utilisaient bien plus souvent de simples couteaux paysans pour les travaux quotidiens (couteaux de berger, couteaux de cuisine) que ce stylet de légende. Quoi qu’il en soit, la lame stylet reste un élément incontournable du patrimoine coutelier français, à mi-chemin entre l’outil et l’arme.

Finalement, une richesse de formes au service des traditions régionales

Du fil courbe du Laguiole à la pointe arrondie du couteau de marin, nous avons parcouru les principales formes de lames qui font la diversité des couteaux de poche français. Chaque forme de lame – yatagan, bourbonnaise, pied-de-mouton, serpette, feuille de sauge, coupe-chou, drop-point, clip-point, stylet, etc. – répond à des besoins spécifiques, reflète une histoire et s’associe à des régions ou des usages particuliers. Ces formes se sont transmises à travers les siècles, parfois en évoluant (comme le Laguiole passant d’une lame bourbonnaise à yatagan), parfois en restant fidèles à la tradition (la serpette des vignerons, indémodable).

En tant qu’amateurs de couteaux ou simples curieux, connaître ces différentes formes de lames permet d’apprécier davantage le savoir-faire coutelier français. Cela aide aussi à choisir un couteau en fonction de son usage : on comprendra qu’un couteau Laguiole lame yatagan sera idéal pour un usage polyvalent à table et en plein air, qu’un couteau à lame pied-de-mouton conviendra mieux pour travailler en sécurité, ou qu’une forme de lame couteau français plus rare comme le stylet sera surtout un objet de collection chargé d’histoire.

Enfin, soulignons qu’en Ă©voquant les couteaux comme Laguiole yatagan, Opinel, couteau corse Vendetta, couteau de marin, etc., on prend conscience d’un patrimoine linguistique et culturel autant que technique. La diversitĂ© des formes de lames des couteaux français tĂ©moigne de la richesse de nos terroirs, signe que la lame d’un couteau n’est pas qu’un morceau d’acier – c’est le prolongement d’une culture rĂ©gionale et d’un art de vivre authentique.

Sources ; Les informations et anecdotes présentées s’appuient sur des sources fiables telles que :

L’encyclopĂ©die WikipĂ©dia (article Laguiole, Opinel​, techniques de lames ), des ouvrages de rĂ©fĂ©rence (O. Achard, L’encyclopĂ©die du couteau), ainsi que des ressources spĂ©cialisĂ©es (musĂ©e de la coutellerie de Thiers, site sur l’histoire du couteau corse, (documentation de couteliers comme Opinel ​et Le Berger​). Sans oublier le chef-d’Ĺ“uvre encyclopĂ©dique de Camille PagĂ©, La coutellerie depuis l’origine jusqu’Ă  nos jours : la fabrication ancienne & moderne. Imprimerie H. Rivière, 1896-1904

© Philippe Azzaretti 04/2025

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