Le Garonnais est un couteau rare. Souvent confondu avec son cousin le pradel, il existe pourtant une différence fondamentale entre les deux : la forme du manche. Si celui du pradel est plat, celui du garonnais est plus rond, ce qui le rapproche des fabrications britanniques dont on dit qu’elles auraient inspiré la forme du pradel dans les années 1860…
L’histoire du couteau Garonnais…
Ce couteau du Sud-Ouest, qui accompagnait les mariniers navigant sur le fleuve, avait sur les gabares de multiples usages : la confection de casse-croûte, la coupe d’une ficelle, mais aussi l’arrimage de la futaille dans laquelle on transportait le vin, le Cognac et les denrées alimentaires. Il servait aussi à table au paysan pendant les repas… D’ailleurs, le couteau garonnais, avec sa lame, dont la pointe est au centre, peut facilement être confondu avec un couteau de table, un couteau droit, tant sa lame est dans le prolongement de son manche.
La Garonne est l’un des cinq plus grands fleuves de France. Sa source se situe en Val d’Aran (Espagne) et son parcours s’étend sur 647 km vers l’Atlantique (en formant un estuaire avec la Gironde dans sa partie finale). Le fleuve a longtemps été un axe important de navigation et de transport de marchandises. Aujourd’hui, l’acheminement des éléments de l’A380 AIRBUS, entre Pauillac et Langon a ranimé l’activité de transport de marchandises sur le fleuve. Le passage de péniches à passagers, de bateaux privés, d’embarcations légères,… rythment la navigation. Sur les berges, la présence de “carrelets” montre que la pêche traditionnelle est toujours très prisée.
Alors, Garonnais ou Pradel, lequel est né le premier ?
On ne trouve que très peu de littérature au sujet du couteau garonnais, tout ce qu’on sait, c’est que sa forme est proche des fabrications anglaises de Sheffield, Dominique Pascal, dans son ouvrage Couteaux de collection (Editions E/P/A), souligne une piste trouvée dans des catalogues et documents anciens, ceux-ci font mentions dans un tarif Sabatier Frères et Cie, estimé antérieur aux années 1914, d’un garonnais, entre un couteau de type toulousain et un autre de type agenais. Mais pas de Pradel dans ce tarif, ce dernier initialement fabriqué par Pradel-Chomette dans les années 1860, serait une création très inspirée des couteaux fabriqués à Shieffield et nommés coupe-ballots par les membres du jury de l’Exposition universelle de 1867.
Le garonnais, un couteau élégant peu connu
Des recherches plus pointues devraient être effectuées, mais cela donne à penser que se serait d’abord le couteau garonnais qui fut copié sur les couteaux anglais, et qu’ensuite le pradel aurait été copié, lui, sur le garonnais.
Toujours selon Dominique Pascal, dans le catalogue de la Manufacture d’armes et cycles de Saint-Etienne de 1965, un couteau ressemble à s’y méprendre à un garonnais et y est décrit comme un “fort couteau inoxydable à manche Celluloïd noir de forme arrondie, avec une mitre de renfort, une lame, longueur fermée 9,5 cm”, dans les pages des catalogues de Manufrance, il n’y a pas vraiment de traces du garonnais nommé en tant que tel, mais les quelques pradel y ressemblant sont nommés “couteaux plats”, “couteaux de musette”. Marc Prival et Roger Rouquier, dans leur livre L’Homme et son couteau, (Editions Créer), donnent un nom supplémentaire au garonnais : le girondin.
Le collectionneur de garonnais…
Ce couteau artisanal est assez rare, le pradel, on ne sait pour quelle raison, lui a volé la vedette ! Peut-être à cause de tire-bouchon inexistant, un comble pour un couteau de région vinicole prolifique ! Mais son utilisation universelle en fait un couteau très pratique, très prisé des femmes de part sa petite taille. Si vous en trouvez dans les brocantes, vous serez chanceux, alors profitez-en…